« Quel artiste surprenant tu es Vianney avec de belles valeurs que tu mets en musique avec ce talent qu'on te connaît et tu sais t'entourer d'artistes talentueux et qui partagent ces valeurs qui manquent dans ce monde d'aujourd'hui. Tu n'imagines pas comme t'écouter peux donner le sourire quand nous ne l'avons pas ».
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Un commentaire YouTube, c’est toujours un monde qui s’ouvre. Ici le monde de @patlacourte4430, un monde d’une grande douceur et d’une profonde tolérance à l’égard du morceau de Vianney, Soprano et Kendji Girac : Je suis fou. Et pourtant, cette grande bienveillance et cette magnanimité de patlacourte sont abusées, escroquées, par une chanson mièvre, incohérente et inconsistante, une chanson violente où les belles valeurs ne sont que les enfants bâtards de l’antienne catholique : souffre ici-bas, et tais-toi.
Comme dans la plupart des chansons de ces dernières années, l’auteur du texte a astucieusement utilisé moins de cent cinquante mots pour composer une chanson de presque quatre minutes où l’on va répétant les mêmes vers : « je suis fou », « on va se changer soi, on va se changer » et l’inimitable refrain tout plein de guimauve. Je cite maintenant l’ensemble des paroles expurgées des répétitions :
« Certains pensaient qu'ils étaient seuls
Abandonnés, là sur le seuil
On veut changer tout ça, mais oh-la-la
Certains voudraient qu'on se déchire
Pour des billets, pour un empire
Et toi
Qui as troqué le "je" contre le "nous"
Qui donnerais le monde aux sans-le-sou
Ici-bas, tu es fou
Qui tends la main vers celui qui n'a rien
Sans en vouloir à celui qui a tout
Si pour ça, tu es fou
Je suis fou
Certains pensaient qu'ils dérangeaient
Trop différents, trop à côté
Et oublie les gens qui nous séparent,
Il est temps qu'on se répare
Que tous les fous se préparent
Sur la ligne de départ
Parlez pas de complot,
Et l'autre, et l'autre il a bon dos
On va déjà se changer soi, oh-la-la
On va se changer soi, on va se changer »
La beauté saisissante et la profondeur de ces paroles saisissent au col quiconque les lit, et c’est avec les sanglots dans la voix et la gorge serrée par l’émotion que j’entame cette critique. Et cette critique porte sur un point : la folie. Je pourrais la résumer en une seule question : Qu’est-ce qu’être fou pour ces trois fripons de chanteurs ?
1. Le refrain, ou l’étonnante définition du fou.
Et toi
Qui as troqué le "je" contre le "nous"
Qui donnerais le monde aux sans-le-sou
Ici-bas, tu es fou
Qui tends la main vers celui qui n'a rien
Sans en vouloir à celui qui a tout
Si pour ça, tu es fou
Je suis fou
Ce qui est bien avec les textes écrits par les chanteurs de variété, c’est la brièveté des paroles et la clarté du message. Ici nulle métaphore filée où la complexité fait la course à l’opaque. Dans « Je suis fou », tout est clair. Le texte s’adresse à un présumé « fou, / qui [a] troqué le je contre le nous, / qui donnerai[t] le monde aux sans-le-sou […] / qui ten[d] la main vers celui qui n’a rien, / sans en vouloir à celui qui a tout ». Et le plot twist de cette merveille, c’est que « Si pour ça, tu es fou [alors moi aussi] / Je suis fou ». Sous-entendu, je suis comme toi, moi aussi je suis très généreux et très gentil.
Voilà pour la définition du « fou ». C’est pour ainsi dire surprenant, et si nous voulions faire crédit d’intelligence au texte, nous pourrions dire que c’est une hyperbole qui signifie que notre monde est devenu tellement égoïste qu’aujourd’hui être généreux c’est être fou. Il y aurait donc en creux, peut-être, un sous-entendu : « c’était mieux avant ». À vous de voir : ou bien nous ne faisons pas crédit d’intelligence au texte et c’est seulement une chanson débile, ou bien nous faisons crédit et alors c’est un texte réactionnaire et conservateur.
Cependant, pour mieux pénétrer toute la profondeur de cette définition du fou, (et mieux comprendre l’ampleur de la charge conservatrice et réactionnaire de cette chanson), analysons en détail les paroles de cet enfer.
« Et toi / qui as troqué le je contre le nous ». Ici, c’est un désormais classique appel au collectif, le nous, qui serait par nature mieux que le je respectant le célèbre adage « mieux vaut être à plusieurs que seul » et oubliant par la même l’autre plus célèbre : « mieux vaut être seul que mal accompagné ». Donc : celui qui est fou, c’est celui qui s’inscrit dans une communauté et qui ne manifeste pas sa particularité, son « je ». Le verbe « troqué » le dit bien : il ne s’agit pas d’étayer son jeu, de compléter sa gamme d’outils, ce qui reviendrait à dire que parfois je dis « je » et parfois « nous » en fonction des situations, non, non, il s’agit bien de « troquer », d’abandonner le « je » au profit du « nous ». C’est la dissolution de l’individualité, de la personnalité, dans le collectif… Évidemment cette déploration en creux de l’absence de collectif est une déploration conservatrice à l’extrême que l’on retrouve chez tous les politiciens les moins engagés pour le progrès social. Lors de ses vœux Macron n’a-t-il pas appelé la nation à faire corps ? N’a-t-il pas parlé de « la cohésion de la nation » que des méchants tentent de mettre à mal ? N’a-t-il pas prononcé ces mots : « Nous sommes une Nation de compagnons de bâtisseurs, capable, quand elle s’unit, de résister, de se relever » ? Évidemment on sait à quel point Emmanuel Macron, cet homme qui dans ces vœux 2024 a troqué le je contre le nous, est à cheval sur le fait de donner «le monde aux sans-le-sous » et à tendre « la main vers celui qui n’a rien » ou ceux qui ne sont rien (j’ai toujours un doute). Cet appel réactionnaire au corps, à l’unité, à la cohésion, au consensus, est bien connu et, lorsque l’on déplie ses conséquences, bien compris. On décèle derrière l’impératif : fonds-toi dans la masse, sois comme les autres. Une fois déplié, ce premier vers en est presque drôle : « Et toi / qui as troqué le je contre le nous », ou pour mieux dire : Et toi / qui t’es rangé dans le troupeau parmi les autres. » Quelle folie que de faire comme les autres ! J’en suis tout retourné, je ne savais pas à quel point j’étais entouré de fous et de folles !
Poursuivons avec le deuxième élément de définition du fou : « Et toi / […] qui donnerais le monde aux sans-le-sou »… Vous avez remarqué ? Le changement de temps du verbe, vous l’avez remarqué ? On passe d’un passé composé : «toi qui as troqué » à un conditionnel : « toi […] qui donnerais ». Ce vers, sous son vernis de bienveillance, est d’une hypocrisie et d’une ironie crasse. Troqué le je contre le nous, c’est facile, il suffit de faire comme tout le monde, on le fait déjà, donc on peut se permettre de le dire à l’indicatif, mais donner le monde aux sans-le-sou… faut peut-être pas déconner, vous imaginez si on le faisait en vrai ?… Non par contre évidemment ce serait bien… on ne le fera pas, mais ce serait super… mais on le fera pas. On va donc le mettre au conditionnel, pour sous-entendre que toi, qui es si gentil, qui as troqué le je contre le nous, dans tes excès de gauchisme tu es tellement fou que tu donnerais le monde aux sans-le-sou, ah la la, petit fripon, va ! Il faut dire qu’au futur de l’indicatif le vers aurait eu une tout autre tête : « Et toi / Qui donneras le monde aux sans-le-sou »… Excepté mon mordant, que nous disent cette phrase et ce conditionnel ? Que le « fou » est celui qui est gentil, gentil parce qu’excessif dans ces paroles, qui, si on l’écoutait « donnerai[t] le monde aux sans-le-sou ». Le « fou » est un doux rêveur. Donc si on récapitule : le fou fait comme tout le monde, parle comme tout le monde et rêve d’un monde meilleur. Quelle folie !
Mais chut, mon moment préféré arrive : le troisième critère de définition du fou. « Et toi / […] Qui tends la main vers celui qui n’a rien, / sans en vouloir à celui qui a tout ». Magistral. Ces vers signifient que le fou sait faire la part des choses, qu’il est mesuré… Sans trembler des genoux, Vianney nous annonce que le fou est un modéré… Nous invitant à cette charité chrétienne, Vianney porte la bonne parole, la parole du statu quo : il faut être gentil avec les faibles et gentil avec les forts. Et au fait… vous avez remarqué ? Le changement de temps ! Je vous rappelle qu’il y a trois secondes le « fou » aurait donné le monde aux sans-le-sou, sur un mode conditionnel, et maintenant le « fou » (toujours le même) « tend » la main, au présent. Donc tendre la main, on peut le faire, par contre donner le monde, non, ça c’est non. Faut dire que tendre la main c’est quand même plus facile et moins engageant que de donner le monde (en plus donner… donner… vous imaginez si on commençait à se donner des trucs… au mieux on peut le louer… voilà, on fait un bail du monde aux sans-le-sou… et on leur envoie les huissiers, par acquit de conscience.) Et puis, comble de l’ironie, que ne devrions-nous pas faire pour être un fou selon saint Vianney ? « en vouloir à celui qui a tout ». Je me permets donc de rappeler la définition de en vouloir à quelqu’un : « reprocher quelque chose à quelqu’un ». Il ne s’agit pas de séquestration, d’assassinat, d’arrachage de chemise sur DRH, de ligotage de patron de grandes surfaces nu à l’avant d’un tracteur. Il s’agit de reproches, de pensées, de paroles. Encore une fois rien de très engageant, mais pour saint Vianney, c’est encore trop.
En résumé, nous l’aurons compris : pour notre nouvel apôtre, le « fou » est un être flasque, consensuel, tout à fait capable de se laisser marcher dessus, et parfaitement mou et modéré dans ses actions. C’est un zombie qui s’autocensure, se corrige sans cesse pour être pile au milieu. Le « fou », c’est l’incarnation de la crainte absolue de Vianney : faire dissensus. Et c’est pour cette raison qu’à la fin de ce refrain, il précise : « Si pour ça, tu es fou / je suis fou ». Ultime consensus : toi, qui est mi-lavette mi-paillasson, rassure-toi, on est pareil.
2 – L’inconsistance comme impératif moral
En écrivant ces lignes, je me rends compte que j’ai bille en tête attaqué le refrain sans même parler du couplet. Pour la peine, je lance les soldes et traiterai ici du couplet de Vianney en même temps que le couplet de Kendji Girac :
Vianney :
« Certains pensaient qu'ils étaient seuls
Abandonnés, là sur le seuil
On veut changer tout ça, mais oh-la-la
Oh-la-la
Certains voudraient qu'on se déchire
Pour des billets, pour un empire
On veut changer tout ça, mais oh-la-la
Oh-la-la »
Kendji Girac :
« Certains pensaient qu'ils dérangeaient
Trop différents, trop à côté
On veut changer tout ça, mais oh-la-la
Oh-la-la »
Dans ces couplets relativement symétriques (pour peu dire), c’est évidemment une ambiance quasi identique à celle du refrain. Dans le refrain, le gentil se pense « fou » parce qu’il est le seul gentil. Il est donc tout naturel que les couplets qui introduisent les refrains traitent de la même chose. Mais là où le refrain est une adresse directe à cet être solitaire qu’est le « fou » et qui se résout dans le consensus entre l’artiste et celui à qui il s’adresse, les couplets, eux, sont plus sombres. C’est une description de ces gens, qui sont donc les « fou[s] », et qui « pensaient qu’ils étaient seuls » et « qu’ils dérangeaient ». Mais s’il n’y avait que ça, ça pourrait encore aller, mais non, s’il y a les gentils, il y a donc les méchants ! « Certains voudraient qu’on se déchire » ; et pour quelles raisons ces odieux personnages voudraient-ils cela ? « Pour des billets, pour un empire ». Tout s’éclaire ! Il y a les méchants qui aiment l’argent et le pouvoir et il y a les gentils qui n’aiment pas ça. Encore une fois il s’agit d’un mauvais pastiche des pires homélies : l’argent et le pouvoir sont corrupteurs, ils détruisent notre belle union, et pourtant, comme nous sommes de bons chrétiens nous n’en voulons pas à ceux qui possèdent ces vices, car encore une fois, nous sommes gentils. Encore une fois, c’est un résidu de discours conservateur et réactionnaire, tout emprunt d’une morale coercitive et, vous m’excuserez, digne d’un enfant de trois ans à qui on demanderait s’il faut être gentil ou méchant.
Et ce n’est pas fini. Il y a pire. Vous l’aurez remarqué, ce qui revient à chaque fois dans les couplets, ce sont ces deux vers : « On veut changer tout ça, mais oh la la / oh la la ». C’est si gros que ça passe comme une lettre à la poste. On ne s’inquiète même pas de cette phrase qui ne se termine pas, qui s’achève dans ces onomatopées : « oh la la ». Pour ma part, « oh la la » ne m’évoque pas l’action, l’enthousiasme, la joie, mais plutôt la réaction que je peux avoir devant la copie d’un collégien qui aurait écrit : « Martine ait aller ala plaje », ou encore celle que je pourrais avoir devant une action trop grande pour moi. Donc ça paraît mal engagé pour « changer tout ça ». Et surtout il y a ce « mais ». On dit qu’il faut toujours se méfier du « mais » : « je ne suis pas raciste, mais… », « je n’ai pas abîmé la voiture, mais… » En bref, le « mais » atténue la portée de ce qui est venu avant : « je ne suis pas raciste, mais...» signifie souvent : « je suis quand même un peu raciste ». Appliquons donc cette atténuation à notre chanson : « on veut changer tout ça, mais... » devient on veut quand même pas tout changer. Encore une fois, une énième fois, c’est la mollesse, additionnée au « oh la la » de celui qui dirait ce ne serait de toute façon pas facile.
Résumons : il y a des méchants qui possèdent l’argent et le pouvoir et qui nous font du mal, mais il ne faut pas leur en vouloir, parce qu’on est gentil, et il ne faut pas changer les choses, parce que c’est trop difficile. De ce point de vue, la chanson porte mal son nom, ce n’est pas Je suis fou qui lui correspond, mais Je suis mou.
3- Mes frères, le paradis est pour vous, ou le passage de Soprano.
Et puis soudain, Soprano se met à chanter, et, contrairement à ses deux copains, il n’a pas compris qu’il fallait cacher son jeu :
Soprano :
« Et oublie les gens qui nous séparent,
Il est temps qu'on se répare
Que tous les fous se préparent
Sur la ligne de départ
Parlez pas de complot,
Et l'autre, et l'autre il a bon dos
On va déjà se changer soi, oh-la-la »
« On va déjà se changer soi » ? Mais… l’autre curé du début, il n’avait pas dit qu’il fallait « troqu[er] le je contre le nous » ? Sarcasme de côté, cette incohérence majeure du texte révèle le paradoxe de leur pensée, que l’on retrouve évidemment dans leur façon de chanter cette chanson. Quels sont les chants dans lesquels il est très difficile d’identifier une voix singulière, un « je » ? Les chœurs, les chorales, et autres formations de groupe. Ici, nos trois artistes se passent la parole : Vianney, puis Kendji Girac, puis Soprano. Il n’y aucune construction d’un collectif, même leur façon de chanter « oh la la » est différente, volontairement différente. Eux non plus ne troquent pas le je contre le nous. Très heureusement pour eux. Ce qu’ils font en revanche c’est vider le je et le nous de leur substance. Regardons de près les paroles de Soprano.
« Et oublie les gens qui nous séparent / Il est temps qu’on se répare ». Comme ses deux copains du séminaire, Soprano fait de la morale, il parle à l’impératif : « oublie » « il est temps qu’ ». Il faudrait donc oublier les méchants et il faudrait qu’on se répare, ce qui sous-entend que l’on serait cassé. Il y a encore quelque temps, on devait simplement ne pas en vouloir aux méchants qui nous mettaient dans une situation de concurrence et de compétition, à présent, il faut les oublier, oublier leur existence, pour se concentrer sur soi-même, sur son for intérieur qui est tout cassé. Cassé par quoi ? On ne sait pas, on peut imaginer qu’il a été cassé par les méchants, mais comme on les a oubliés… non. Il est cassé. Point. Et puis : « répare »… Je ne sais pas vous, mais moi je ne me répare pas, je me soigne, je me rééduque, je prends soin de moi, mais je ne me répare pas, par contre je répare mon ordinateur, ma voiture, mon stylo. Évidemment c’est un poncif (travaillé dans le beau livre de Maëlys de Kerangal), mais le mot est significatif : au même titre que nous serions des ressources humaines, nous serions réparables. Absenter les causes du malheur des gens, c’est comme traiter l’insomnie avec seulement des somnifères, ça ne règle pas le problème. Considérer l’homme comme une machine réparable, c’est diminuer la souffrance qu’endurent les gens : Michel est en burn-out, bah un peu de WD40 et c’est reparti ! Il a qu’à se réparer tout seul comme un grand. Le je est diminué, extrait de son monde social et ramené à l’état de machine. Soprano, avec calme, nous explique que l’homme n’est pas humain.
« Que tous les fous se préparent / Sur la ligne de départ ». J’avertis nos lecteurs les plus sensibles que nous entrons ici dans une zone de délire. Je rappelle également à toutes fins utiles que le séminariste en chef nous a demandé de ne plus faire valoir nos je et de penser collectif, qu’il fallait qu’on s’unisse et qu’on s’entraide. Alors, peut-on m’expliquer pourquoi saint Soprano nous demande de nous mettre sur une ligne de départ ? On nous a expliqué que l’argent et le pouvoir étaient les grands maux de notre société, et à présent il faut qu’on se prépare à gagner une course, peut-être dans l’optique de gagner un prix. Ce moment ne fait pas de sens, si l’on ne comprend pas que derrière l’idéal de cohésion prôné par Vianney se cache un fort tempérament religieux. Je ne l’ai pas évoqué lorsque j’ai parlé du refrain, mais un mot frappe les oreilles de ceux qui ont entendu parler de religion : « ici-bas », et on l’entend plusieurs fois pendant ces trois minutes quarante-cinq : « Ici-bas, tu es fou ». C’est peut-être cela la « ligne de départ », car il est bien dit que les derniers seront les premiers, et que « Nous sommes fous à cause de Christ » (Corinthien, I ,4:10). En somme, si l’on considère que cette chanson est un prêche, tout fait sens. Nous courons vers le paradis, faute de pouvoir faire quelque chose ici-bas.
Conclusion. Réponse à patlacourte.
« Quel artiste surprenant tu es Vianney avec de belles valeurs que tu mets en musique avec ce talent qu'on te connaît et tu sais t'entourer d'artistes talentueux et qui partagent ces valeurs qui manquent dans ce monde d'aujourd'hui. Tu n'imagines pas comme t'écouter peux donner le sourire quand nous ne l'avons pas »
Non, chère patlacourte. Indéniablement non. Ces « valeurs » ne manquent pas au monde d’aujourd’hui, elles constituent le monde d’aujourd’hui. Mais là où je vous rejoins, c’est qu’en effet Vianney et ses copains les « partagent », comme un prêtre à l’office transmet la bonne parole. C’est cela qui, moi, m’interroge le plus. Pourquoi trois artistes aussi connus qu’eux se sont-ils sentis obligés de se mettre ensemble pour faire un cours de morale chrétienne à la population ? Pourquoi se sont-ils accordés pour chanter les louanges de la mollesse et de l’inconsistance ? Pour véhiculer les slogans du management contemporain ? C’est avec ces questions, chers lecteurs, que je vous laisse, en ce début d’année 2024.